Cap sur l'Albanie, avec Eduart guide Allibert Trekking

Comment es-tu devenu guide ?
Eduart : Je suis guide en Albanie depuis une quinzaine d'années. Je guide en espagnol, en italien et en anglais, mais 90 % du temps, j’accompagne des Français. À un moment de ma vie, j’ai voulu m’asseoir avec moi-même et faire cette analyse : qu’est-ce que j’aime ? Qu’est-ce que je peux faire ?
Je me suis rendu compte que je parlais plusieurs langues étrangères, que j’aimais rencontrer des gens, que je voulais un métier qui me permette de voyager, de bien gagner ma vie… Être guide ne me coûtait rien, je pouvais commencer tout de suite. J’ai débuté petit à petit, et ça m’a plu. Rapidement, je me suis retrouvé à accompagner à plein temps des voyageurs français dans les montagnes albanaises. Quand j’ai commencé, le ministère du Tourisme ne reconnaissait même pas officiellement l’existence des guides en Albanie. J’ai débuté en autodidacte, d’abord comme chauffeur. Je ne connaissais même pas si bien que ça mon propre pays.
Le voyage n’est pas encore une culture très répandue en Albanie. Mais voir mon pays à travers les yeux des voyageurs m’a fait prendre conscience de sa richesse. Je pouvais être fier de l’Albanie. Il y avait tant de belles choses à montrer. Alors, j’ai ressenti le besoin de me former davantage pour répondre aux attentes des gens. On est très fiers de notre pays ici, et moi, en tant qu’ambassadeur culturel pour les voyageurs que j’accompagnais, j’avais comme une obligation morale d’être à la hauteur de leurs attentes. Ça m’a poussé à progresser vite : en culture, en biodiversité, en techniques de guidage…
Comment décrirais-tu ton pays à celles et ceux qui ne le connaissent pas ?
L’Albanie se trouve dans les Balkans de l’Ouest, juste en face de l’Italie. Elle est bordée par la mer Ionienne et la mer Adriatique, dans le bassin méditerranéen. À vol d’oiseau, elle se trouve à seulement 80 kilomètres des côtes italiennes, et elle a à peu près la taille de la Bretagne. L’albanais est l’une des langues les plus anciennes d’Europe. Sur l’arbre des langues, elle forme une branche à part. Quand on parle albanais, personne ne comprend !
Religieusement, l’Albanie est à 60 % musulmane, le reste étant réparti entre catholiques et orthodoxes. Mais les gens ne sont pas pratiquants. Quand on voyage ici, on ne ressent pas vraiment une présence religieuse. C’est lié à notre histoire : pendant la dictature, toute pratique religieuse était interdite. L’Albanie a été le premier pays officiellement athée. Résultat, les gens ont en partie « oublié » la religion, ce qui a créé une société très ouverte et très tolérante.
Les voyageurs sont souvent surpris par la diversité des paysages. On trouve ici une vraie mosaïque : des paysages méditerranéens, des montagnes, une biodiversité remarquable, les Alpes dinariques dans le nord, des massifs dans le sud qui tombent presque à pic dans la mer, avec des randonnées superbes à faire, et encore des criques sauvages. Socialement, on vit encore avec une mentalité où l’ordre repose sur l’honneur et le respect. Ce sont les deux valeurs les plus importantes pour les Albanais. L’hospitalité, surtout envers les voyageurs, est sacrée. On dit ici que la maison d’un Albanais est la maison du voyageur.
Qu’est-ce que le métier de guide t’a appris ?
Ce que j’aime le plus dans mon métier, c’est le contact avec les gens. C’est incroyablement enrichissant. Je suis né dans un petit village au centre du pays. À l’époque, on avait très peu de contact avec l’étranger. Personne en Albanie n’en avait, en réalité. La dictature a pris fin en 1991. Pour moi, l’Albanie de cette époque, c’était encore le Moyen Âge. Les gens travaillaient la terre, vivaient avec les animaux, dans la nature. Par exemple, mes parents n’ont pas pu suivre l’évolution numérique ou technologique. Il y a un énorme décalage entre leur vie d’avant et celle d’aujourd’hui.
En tant que jeune, j’ai dû évoluer très vite pour m’adapter à cette société nouvelle. Être guide m’a poussé à être ouvert, curieux, à découvrir d’autres manières de faire, à apprendre. J’ai pu me former, me construire, rencontrer des gens qui m’ont donné l’envie et la force de faire des choses que je n’aurais jamais imaginées.
As-tu vécu un voyage marquant ?
Le voyage qui m’a le plus transformé, c’est celui que j’ai fait en stop. Je suis parti de Paris pour aller jusqu’en Malaisie. Sept mois. Sans attente, sans plan. Juste avec l’envie de rencontrer, de parler, de découvrir de nouveaux paysages, de goûter de nouveaux plats. Je ne savais pas où j’allais dormir chaque soir, mais je m’en fichais. J’ai traversé toutes les cultures qui se trouvaient sur mon chemin. J’ai vécu avec les gens, célébré leur existence à travers le partage.
Ce voyage m’a permis de me positionner dans le temps et dans le monde. Il m’a fait réaliser à quel point j’avais déjà plein de raisons d’être heureux. Avant de partir, je pensais qu’en Albanie, on était pauvres, malheureux, maudits, parce qu’on ne pouvait pas sortir du pays, qu’il n’y avait pas de boulot, pas d’avenir. Mais ce voyage m’a montré que non seulement on n’était pas si mal que ça, mais qu’on vivait plutôt bien. Découvrir comment l’humanité se comporte, quelles sont les traditions, les coutumes, les façons de vivre… ça ouvre l’esprit, ça élargit la compréhension du monde. Il n’y a rien dans la vie qui soit si extrême. Le voyage ouvre les âmes et les esprits, tout simplement.
Pourquoi venir randonner en Albanie ?
Pour celles et ceux qui n’ont pas envie d’aller très loin ou de plonger dans une culture trop différente de celle de l’Europe, l’Albanie est un bon point de départ. On a ici le sentiment de vivre une vraie aventure, dans une culture peu connue, tout en restant en plein cœur de l’Europe. L’Albanie, c’est l’aventure… à la dose juste.
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Cette rencontre est issue de notre série YouTube "Guides par passion" qui dévoile l’essence même de nos voyages : des rencontres authentiques et des moments inoubliables, guidés par des experts de chaque destination qui vivent leur métier avec passion.