Les risques d'avalanche

En hiver, la montagne est froide et venteuse, le climat est généralement instable, et, surtout, la neige qui la tapisse forme sur ses reliefs un manteau mouvant et capricieux, difficile à interpréter. Depuis 1993, il existe une échelle du risque d’avalanche commune à tous les pays d'Europe occidentale. Elle comporte 5 niveaux de risques définis par une évaluation de la stabilité du manteau neigeux et ses conséquences en termes de probabilité de déclenchement d'avalanche. Dans cet article, nous vous expliquons tout de cette graduation. Aussi, Rémi Florchinger, montagnard depuis le berceau et accompagnateur Allibert trekking, explique les grands principes de la nivologie et l'importance de bien la connaître pour interpréter les conditions et limiter les risques.
avalanche

Qu’est-ce que la nivologie ?

C’est d’abord une compilation de sciences : connaître les bases de la mécanique des fluides, de l’aérologie, de la météorologie et des grands phénomènes physiques permet de comprendre et d’interpréter. C’est ensuite une affaire de mémoire : pour préparer une sortie, il est essentiel de se renseigner sur la fréquence et la qualité des chutes de neige depuis le début de la saison. Cela permet de déduire si le manteau neigeux est stable ou non. Enfin, et peut-être avant tout, la nivologie est une histoire de pratique : plus on a l’habitude de regarder et de sentir la neige, plus on saura prendre des décisions rapidement... et la rapidité est un enjeu majeur, car un petit pas de trop peut précipiter tout un groupe dans une avalanche !

 

Quels sont les niveaux de risque d’avalanche ?

Ces niveaux de risque sont évalués, en France par Météo France, par massif, à partir des observations, relevés et suivis de terrain. En station, ces niveaux sont représentés par des drapeaux : jaune pour les niveaux 1 et 2, jaune et noir à damier pour les niveaux 3 et 4, noir pour le niveau 5. Ces indices sont détaillés par les bulletins d'estimation du risque d'avalanche (BRA). Aucun des niveaux de risque n'est à négliger et le risque 0 n'existe pas en montagne. Une très bonne expérience et/ou un accompagnement par un professionnel restent essentiels pour prendre les bonnes décisions.

Pour aller plus loin, faites appel à nos guides Allibert Trekking, gages de sécurité !

1 - Risque faible

Le manteau neigeux est bien stabilisé dans la plupart des pentes.

Les déclenchements d'avalanches ne sont en général possibles que par forte surcharge*** sur de très rares pentes raides*. Seules des coulées ou petites avalanches peuvent se produire spontanément.

2 - Risque limité

Dans quelques pentes** suffisamment raides, le manteau neigeux n'est que modérément stabilisé. Ailleurs, il est bien stabilisé.

Déclenchements d'avalanches possibles surtout par forte surcharge*** et dans quelques pentes généralement décrites dans le bulletin. Des départs spontanés d'avalanches de grande ampleur ne sont pas à attendre.

3 - Risque marqué

Dans de nombreuses pentes** suffisamment raides, le manteau neigeux n'est que modérément à faiblement stabilisé.

Déclenchements d'avalanches possibles parfois même par faible surcharge*** et dans de nombreuses pentes, surtout celles généralement décrites dans le bulletin. Dans certaines situations, quelques départs spontanés d'avalanches de taille moyenne, et parfois assez grosse, sont possibles.

4 - Risque fort

Le manteau neigeux est faiblement stabilisé dans la plupart des pentes** suffisamment raides.

Déclenchements d'avalanches probables même par faible surcharge*** dans de nombreuses pentes suffisamment raides. Dans certaines situations, de nombreux départs spontanés d’avalanches de taille moyenne, et parfois grosse, sont à attendre.

5 - Risque très fort

L'instabilité du manteau neigeux est généralisée. De nombreuses et grosses avalanches se produisant spontanément sont à attendre, y compris en terrain peu raide.

Pour la sécurité, prenez toujours avec vous les incontournables pelle, sonde, DVA (détecteur de victimes d'avalanche), qui doivent toujours faire partie de votre équipement en nature !
 

* Pentes particulièrement propices aux avalanches en raison de leur déclivité, de la configuration du terrain, de la proximité des crêtes...
** Les caractéristiques de ces pentes sont généralement précisées dans le bulletin : altitude, exposition, topographie...

*** Surcharge indicative : forte (par exemple skieurs groupés) ou faible (par exemple skieur isolé, piéton).
NB : Le terme déclenchement concerne les avalanches provoquées par surcharge, notamment par le(s) skieur(s). Le terme départ spontané concerne les avalanches qui se produisent sans action extérieure.

 

Groupe de marcheurs alpinistes et des porteurs sur le glacier Baltoro, Pakistan

 

Quelles sont les précautions à prendre avant de partir ?

Reconstituez tout ce qui s’est passé durant la saison et, bien sûr, consultez la météo et les risques d’avalanche, en vous rappelant qu’il y a globalement moins d’accidents en niveau 4 qu’en niveau 2... tout bêtement parce que les montagnards sont moins vigilants lorsque le risque annoncé est faible…

Surtout, notre conseil est d'évaluer les risques dès la phase d’approche en observant le massif, la couleur de la neige, l’orientation du vent, la forme des nuages, la température... Ces données sont utiles pour identifier une situation potentiellement délicate.

 

Que faut-il faire pour éviter les risques pendant la course ?

Il faut avant tout être capable de changer d’itinéraire à tout instant : la nivologie est une science “en temps réel”, car, en montagne, rien n’est définitif, surtout pas la stabilité de la neige ! Il faut aussi savoir rebrousser chemin, voire annuler une sortie.

Pour prendre les bonnes décisions, vous devez sans cesse évaluer la force du vent, l’orientation des pentes, l’humidité ambiante et la température de l’air... tous ces éléments influent sur la neige et peuvent altérer sa stabilité.

Et, bien sûr, notre dernier conseil est de regarder, écouter et sentir la neige : la moindre nuance de couleur, le plus petit craquement, l’odeur la plus infime, peuvent révéler une mine d’informations sur sa stabilité. De manière plus scientifique, vous pouvez également prendre la température des différentes couches de neige et regarder à la loupe la forme et la cohésion des flocons. Avec la neige, les cinq sens sont sollicités.

 

Où peut-on se former à la nivologie ?

La FFME (Fédération française de montagne et d’escalade) et l’Anena (Association nationale pour l’étude de la neige et des avalanches) sont les organismes les plus qualifiés en la matière. Un diplôme, c’est bien, mais rien ne vaut la pratique, la pratique et encore la pratique !

La petite info en +

Pourquoi une avalanche se déclenche ?

Une avalanche se déclare lorsqu'il y a rupture d'un manteau neigeux instable, sous le poids d'une force. Elle peut être créée par la présence humaine ou par des raisons naturelles, comme l’accumulation d'une masse de neige ou de pluie, ou le réchauffement intense de la matière.

Quels sont les trois types d'avalanches ?

Il existe les avalanches de plaque (déclenchées lorsque la couche du dessous est fragile), de neige sans cohésion (ou de « poudreuse », généralement dévastatrices et dangereuses) et de glissement (souvent déclenchées par de la neige humide, à l’arrivée du printemps ou en cas de redoux durant l’hiver).

On pourra ainsi parler d'avalanches coulantes, qui suivent le relief du terrain, d'avalanches en aérosol, constituées d'un nuage de particules de neige en suspension dans l'air et qui se déplace en s'affranchissant de la topographie du lieu, et enfin d'avalanches mixtes, combinant les deux modes d’écoulement décrits précédemment.

Comment réagir en cas d'avalanche ?

Voici quelques conseils utiles à connaître si vous êtes, un jour, pris dans une avalanche : 

  • Essayez de vous échapper de l’avalanche latéralement.
  • Protégez vos voies respiratoires, donc votre nez et votre bouche, avec vos mains.
  • Tentez de vous maintenir à la surface grâce à de grands mouvements de natation.
  • Essayez d’attraper un arbre ou un rocher.
  • Si vous êtes enseveli, essayez de faire de la place autour de votre bouche et de creuser vers le haut (vers la lumière) avec vos bras ou vos bâtons, de ne pas vous endormir, et de ne pas vous essouffler en appelant les secours. Pour cela, réalisez des sons brefs et aigus.

En amont, bien sûr, restez attentif aux conditions météorologiques, évitez les zones dangereuses et allez chercher l'information sur le risque d'avalanche du jour. Munissez-vous également d'un appareil de recherche de victimes d'avalanches (DVA). 

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