Techniques d'encordement en montagne

Jadis réservée au monde de l’escalade et de l’alpinisme, la corde gagne du terrain sur les chemins de randonnée. Pente raide et glissante, petite barre rocheuse, névé ou torrent à traverser… Son utilisation, ainsi que celle des nœuds, permettent de résoudre des situations casse-tête sans pour autant être une affaire de spécialistes. « Les montagnards allant de plus en plus loin dans les limites de la randonnée, ils ont à leur tour besoin de s’encorder », explique Michel Vibert, guide de haute montagne Allibert Trekking. « Inutile de connaître des dizaines de méthodes d’encordement, quelques-unes suffisent : mieux vaut pratiquer un nombre limité de nœuds et savoir les réaliser les yeux fermés », nous apprend également Gérard Guerrier, accompagnateur en montagne. Nous vous donnons dans cet article toutes leurs astuces et leurs techniques pour prendre une longueur d’avance !
Cadrage sur un homme réalisant un noeud pour escalader une paroi

 

Pourquoi s’encorder en montagne et en randonnée ?

L’encordement est avant tout un élément de sécurité. Lorsque l’on a une pente très forte ou boueuse avec une dalle rocheuse, s’entourer d’une corde permet de se sécuriser : en cas de chute, la personne tombe, mais sans “débouler” de tout son poids.

On l’utilise aussi en main courante. Sur un balcon par exemple, la corde est fixée sur un rocher ou un arbre : elle est là comme un escalier. On l’utilise également pour des traversées de ruisseaux assez importants au moment de la fonte des neiges : l’encordement n’empêche pas la chute, mais évite d’être emporté par le courant ! 

Autre cas de figure : les traversées de névés en raquettes. Si l’on craint de glisser, la corde constitue un bon moyen de progression, qui permet simultanément d’enrayer la chute. Aussi, face à un chaos rocheux (éboulis de gros blocs) sur une distance importante, l’encordement offre une sécurité sur certains passages.

Pour aller plus loin, retrouvez tous nos conseils pour ne pas se perdre en montagne grâce au GPS de randonnée et autres accessoires d’orientation !

 alpinisme encordé mont blanc

 

Quelles techniques d’encordement préconisez-vous ? Quels nœuds d’escalade connaître ?

Voici, selon nous, les nœuds essentiels à connaître pour partir sur des randonnées en toute sécurité.

Le nœud de la queue de vache

En randonnée, l’un des meilleurs nœuds est celui dit "de la queue de vache" : c’est le plus simple et le plus sécurisant. Visuellement, c’est un nœud sur lequel on ne peut pas se tromper puisqu’il suffit de prendre le bout de la corde et d’en faire tout simplement une boucle. C’est un geste que l’on peut apprendre au cours d’une semaine d’accompagnement lorsque l’on pousse les personnes à une certaine autonomie. Mieux vaut un nœud que l’on sache faire plutôt qu’un nœud compliqué dont on n’est pas sûr du résultat ! 

L’avantage du nœud de queue de vache est qu’il est peu consommateur en corde. On s’en sert pour faire des “poignées” sur une corde fixe, pour par exemple faire passer une petite pente à des personnes peu sûres d’elles qui pourront descendre la corde de poignée en poignée. Attention, cependant, l’inconvénient est que, mis en tension, le nœud va se serrer et ne pourra être défait. 

Le nœud de huit

L’un des plus utiles et des plus indispensables est aussi le nœud de huit. On l’utilise en bout de corde pour éviter de la lâcher ou de la voir filer en bas de la pente.  

En randonnée, on l’utilise surtout pour attacher la corde à un mousqueton, au pontet d’un baudrier, etc. On estime que ce nœud peut résoudre 75 % des problèmes du randonneur. C’est donc LE nœud de base, d’autant qu’il est facile à vérifier, à faire et à mémoriser. 

 Le nœud du pêcheur

Il représente une bonne technique qui permet d’attacher deux bouts de corde ensemble. Cette méthode élégante consiste à faire un nœud plat autour d’une corde et de répéter le geste sur la seconde : il suffit de faire coulisser et de tirer les deux nœuds, qui vont alors se retrouver l’un contre l’autre. C’est parfait et très utile pour effectuer, par exemple, un anneau de corde ou rabouter deux cordes pour faire un rappel en alpinisme. Mais dans ce dernier cas, on est dans le domaine des guides de haute montagne !

Femme faisant un noeud de huit pour se sécuriser en escalade

 

D’autres méthodes d’encordement

Il existe d’autres méthodes pour passer une rupture de pente ou une petite barre rocheuse. La plus simple, si le passage est facile et peu exposé, consiste à attacher une corde à un point fixe et la laisser filer vers le bas. On peut alors, en passant la corde de main à main au travers des bras et du dos, constituer un frein assez efficace. 

Si la pente est verticale et exposée (une barre rocheuse de quatre mètres par exemple), on recommande de faire passer les randonneurs attachés en bout de corde, un à un, en moulinette. Cette technique est plus sûre et moins impressionnante. Pour cela, on installe un point fixe (exemple : anneau sur un arbre et mousqueton) sur lequel on freine la corde à l’aide d’un demi-nœud de cabestan. Le mieux étant encore d’éviter de se retrouver dans une telle situation !

Aussi, en traversée (torrent, avalanche dans une combe, névé pentu…), on utilise une corde que l’on fixe d’un bout à l’autre. Pour une bonne sécurité, on doit tendre la corde. Cela n’est pas forcément facile, car les cordes de randonnée ont la propriété d’être dynamiques — elles s’allongent lorsque l’on tire dessus ! Cette mise en tension est facilitée par l’utilisation d’un palan, autrement dit un aller-retour de corde qui, à l’aide de deux mousquetons jouant le rôle de poulies, permet de démultiplier la force de l’utilisateur. Dans ce cas, on fait appel à des nœuds de huit pour faire les boucles combinées à un demi-nœud de cabestan pour bloquer la corde lorsqu’on tire dessus. Une fois celle-ci mise sous tension, on arrête l’ensemble avec un nœud de mule.

technique encordement

 

Ces techniques sont-elles accessibles à tous ? Comment les apprend-on ?

Avec une photo, un bout de corde et des mousquetons, il est facile de les apprendre en les faisant. Le seul problème avec les nœuds, c’est qu’il est nécessaire de les faire régulièrement, faute de quoi, on les oublie ! D’où l’utilité d’en connaître peu, mais de bien les connaître.

 

Comment procède l’assureur ?

Cette mise en place ne demande pas forcément une très grande technique, mais il faut la mettre en pratique deux à trois fois dans des situations différentes. 

L’assureur va s’encorder, autrement dit, mettre la corde autour de sa taille, puis “se vacher” (accrocher celle-ci autour d’un arbre, d’un béquet rocheux ou encore d’un câble métallique, voire d’une échelle — en grand nombre dans les Alpes), avant d’accompagner, en donnant du mou, la progression de son compagnon. On peut tout faire avec une corde ! Mais l’usage d’une sangle et d’un mousqueton à vis permet de gagner en rapidité et en efficacité.

 

Quels types de cordes et quel matériel choisir pour une randonnée ?

Différents types de cordes sont proposés dans les commerces. Les cordes de randonnée présentent un plus petit diamètre (8 mm en moyenne) que celles utilisées dans la pratique de l’escalade, de l’alpinisme ou du canyoning, et mesurent entre 20 et 48 mètres. 

Un randonneur qui aime sortir des sentiers privilégie une corde dynamique de 30 mètres et de 7 millimètres de diamètre. Il doit également prévoir deux mousquetons à vis piriforme (en forme de poire), dont le côté large pourra être utilisé pour réaliser des nœuds et demi-nœuds de cabestan. Deux grandes sangles complètent l’équipement pour réaliser un harnais de fortune, installer un point fixe, etc.  

En terrain facile, une corde de 15 mètres suffit : non seulement elle ne pèse rien dans le sac à dos, mais elle peut faciliter la descente d’une petite barre rocheuse. Elle peut aussi servir de cacolet (harnais brancard), ou à confectionner un brancard de fortune, ou encore une tente improvisée ! 

Les prix oscillent entre 30 et 70 €. C’est un bon investissement compte tenu de leur durée de vie. Pour éviter de les abîmer, attention aux coups de piolets et de crampons (ne marchez pas dessus…) !

Pour en découvrir davantage, retrouvez notre check-list montagne - trekking et randonnée.
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